Episode V

Journal de Jean Sebastien de la Fourche

31 janvier 1719

Il y a maintenant une semaine que je suis réfugié chez les nonnes du couvent de Charleston. C’est un pis-aller tout à fait satisfaisant. Elles ne posent pas de question et je suis nourri et logé. Je viens de rencontrer un homme qui a un bateau. L’occasion est superbe. Je vais bientôt pouvoir quitter la ville. L’armée ne me pardonnera jamais d’avoir tué mon officier et ma fuite n’aura pas de fin. Pourtant je sens que la Providence ne m’a pas abandonné. Il y a cependant un problème, l’homme en question a pris un coup de sabre derrière la tête et il est dans le coma.

7 février 1719

Double coup de chance, le Seigenur entend encore mes prières! L’homme dans le coma vient de se réveiller et il se trouve qu’il a un compagnon parmi les blessés. Il s’appelle Jean le Moineau et son ami répond au nom de Frank le Bon. Ils sont dans un sale état mais les religieuses m’assurent qu’ils seront bientôt sur pieds.

8 février 1719

Malédiction! Les choses tournaient trop à mon avantage, cela ne pouvait pas durer. Leur bateau a été perquisitionné par ceux-la même qui les ont sauvés en mer. Ce sont des pirates! Par tous les anges du ciel me voici de retour à mon point de départ!

Dans l’après-midi, un gamin qu’ils appellent la Souris est venu les voir avec des nouvelles. J’avais pris le mouflet pour un garçon d’écurie ou un domestique au service des nonnes. En fait il était occupé à leur trouver un capiaine et un navire pour quitter les lieux. Je me joins à leur escapade.

Le gamin a un sabre magnifique. Etrange. D’autant plus qu’il n’a pas l’air de pouvoir s’en servir.

9 février 1719

Nous avons été recrutés par un certain Lewis. Il déteste les anglais, c’est un homme fiable. Il est seconde sur l’Egern (l’Ecureuil en danois. Drôle de nom pour un rafiot). Le capitaine Eli semble au bord de la mort mais mène bon train son affaire. Il vient de récupérer un stock de blé. Peu de valeur mais l’homme à l’air heureux de travailler.

J’ai découvert plus tard que Frank le Bon n’est autre que Frank el Bueno, le corsaire portugais, terreur du royaume d’Espagne. Et il m’a parlé d’une carte au trésor tatouée sur des filles qui ne seraient autres que les femmes du défunt Barbe Noire. J’ai décidé de marcher dans la combine. Tout ce qui peut me mener loin d’ici me convient.

10 février 1719

Tout l’équipage a semblé convaincu par cette histoire de trésor. Il nous faut trouver deux jumelles. Des domestiques noires qui travaillent au palais du gouverneur. Nous avons donc tenté de nous y infiltrer par plusieurs stratagèmes mais c’est ce brave le Moineau qui a trouvé la solution: Les jumelles doivent se rendre chez le médecin demain. Parfait. Lewis et Le Moineau sont donc aller trouver le bon docteur avec un plan pour le moins douteux. Le Moineau s’est proposé d’aider le brave homme qui n’a pas bien compris pourquoi il aurait besoin d’aide pendant que Lewis lui a expliqué qu’une épidémie était contenue sur notre navire. Le bougre a même donné le nom du bâtiment!

11 février 1719

Avec Frank el Bueno, nous nous sommes rendus dans la salle d’attente du médecin. La souris surveillait la rue et nous a annoncé l’approche des jeunes filles et de leur escorte. Pour une raison qui me surprend encore, j’ai alors décidé de prendre les devants en assommant la secrétaire et en prenant sa place. Mon piètre stratagème m’a permis de jeter un œil aux gamines à leur arrivée mais je n’ai trouvé rien qui ressemble à un tatouage. Alors que l’escorte entrait dans le cabinent, Lewis et Le Moineau nous ont rejoints. Nous avons alors tué les soldats et menacé le médecin. Puis nous avons déshabillé les deux domestiques pour trouver et reproduire leur tatouage avant d’endormir tout le monde. En partant, mes compagnons ont dérobé les médicaments, une fortune pour notre équipage, et j’ai laissé un petit poème pour la secrétaire en guise d’excuse. Je crois d’ailleurs l’avoir signé dans l’émotion.

De retour au bateau, des soldats nous attendaient. Ils venaient inspecter le navire suite à une rumeur d’épidémie. Evidemment ils n’ont rien trouvé mais ils ont quand même choisi de rester pour intercepter la Souris. Cela a un rapport avec ce sabre trop beau pour sa condition. Nous avons attendu puis nous avons entamé les manoeuvres de départ pour presser le Souriceau. Cela a fonctionné. Il attendait une occasion de rejoindre le navire. Nous lui avons jeté une corde et il a rejoint le navire à la nage et à la barbe des soldats. Nous avons ensuite mis les voiles vers la Caroline du nord pour atteindre la ville de Wilmington. Là bas nous espérons remonter la piste d’Israel Hands.